Introduction
Née à Montréal, Kittie Bruneau développe dès l’enfance un intérêt pour la danse et les arts visuels. Après quelques années d’études à l’École des Beaux-Arts et au Montreal School of Arts, elle quitte pour Paris à 20 ans où elle se perfectionne en danse.
À son retour à Montréal, elle concentre tous ses efforts à intégrer le milieu de la peinture. Un milieu en effervescence, dix ans après le Refus Global, mais également crispé entre deux pôles, l’abstraction lyrique des continuateurs du Refus Global et l’abstraction géométrique des plasticiens. Habitée par son bagage européen, elle développe assez rapidement un style qui lui est propre, loin des courants dominants. Empruntant sans complexe à l’art figuratif et au dessin d’enfant, elle crée une œuvre expressive teintée de symbolisme et riche en couleurs.
Dans ses premiers dessins et peintures elle s’inspire des milieux qu’elle a d’abord fréquentés, la danse et les paysages des Laurentides entre autres. Mais à partir de 1961, le contact de la nature et des habitants de l’île Bonaventure inspireront son imaginaire de façon durable. Produisant de grandes toiles chaque été dans l’atelier spacieux qu’elle s’y est faite construire, Kittie doit cependant quitter l’île, l’hiver venu, et doit souvent se limiter à créer des œuvres de plus petit format, au gré des refuges temporaires où elle s’installe. Elle s’illustre d’ailleurs dans l’univers de la gravure, qu’elle exerce d’abord à la Guilde Graphique de Montréal et ensuite dans différents ateliers.
Après l’expropriation des habitants de l’île en 1972, Kittie explore d’autres horizons mais reste fidèle à ce secteur, où elle revient peindre chaque été.
À 50 ans, un long voyage jusqu’en Amérique du Sud lui permet d’explorer le monde et ses civilisations. À 54 ans, c’est sur le continent asiatique qu’elle mettra les pieds pour une première fois; elle continuera de découvrir ce continent avec fascination pendant les décennies suivantes. Voyageant souvent sac au dos, elle se laisse émouvoir par les paysages, les gens et leurs coutumes, ce qui en retour nourrit son œuvre.
Au terme de sa longue carrière en arts visuels, Kittie Bruneau laisse un héritage de peintures, gravures, médiums mixtes, dessins, sculptures et vidéo qui se retrouvent dans les musées du Québec et du Canada, en plus de nombreuses collections privées. Elle a collaboré avec des poètes pour réaliser plusieurs livres d’artistes. La Politique d’intégration des arts à l’architecture du gouvernement du Québec a également contribué à laisser dans des palais de Justice, Centres d’accueil pour personnes âgées, écoles et autres bâtiments publics la griffe de cette artiste importante et unique.
(texte: Yvon Lajeunesse, photos: Françoise Reid)